Passionné de RPG
en tout genre, japonais, occidental, au point de travailler il y a peu pour le
feu excellent RPG Magazine, c'est en toute logique que je vous propose
de poser vos yeux sur une petite découverte française qui fait d'ors et déjà
bien parler d'elle. Quoi de plus émerveillant, en notre époque de jeux très
aseptisés, de découvrir un projet original et plein de bonnes idées ?
D'autant plus quand celui-ci fait notre fierté en sortant tout droit de
l'esprit de jeunes développeurs français qui ne manquent pas de ressources : Beyond the Pillars.

Winter Voices
est un jeu de rôle par épisodes
, 7 au total, nous plongeant dans la vie et
la Psychée de notre héroïne. Celle-ci vient de perdre son père et c'est alors
un long travail de deuil
qui se prépare. En parallèle, le joueur découvre un
nouvel univers très inspiré des mythologies nordiques et sincèrement
envoutant. Dans cet article, je vais avant tout vous parler du Prologue qui
vient tout juste de sortir pour environ 5 € sur le site officiel et sur Steam.

Ce Prologue
nommé Avalanche est à la fois un long tutoriel et un bon aperçu de ce qu'est le projet des développeurs de Beyond the Pillars. On commence par la
création de personnage
permettant de choisir le faciès, le nom et la tenue
vestimentaire de son avatar féminine. Combien de joueurs vont lui donner le nom
de leur petite amie/femme/maitresse ? (Rayer la mention inutile ou
suspecte)
. Après avoir choisit l'aspect physique viennent les
caractéristiques.
Il faut déjà lui choisir une classe parmi trois
disponibles : Chasseuse, Tisseuse et Volva. Chacune de ces classes à des
conséquences totalement différentes sur la façon de jouer du joueur. Ainsi, la Chasseuse pourra mieux supporter la fatigue, la Tisseuse fera
preuve de beaucoup plus d'humour lors de ses dialogues (et prendra donc les
choses plus positivement)
et enfin la Volva se destine aux
Hardcore-Gamers qui voudraient se "battre" contre des ennemis plus forts,
mais aussi gagner plus d'expérience. Il y en a pour tous les gouts.

Tout de suite émerveillé par l'introduction qui, bien que tranquille, est narrée en
Anglais avec efficacité, on enchaine directement avec le plus gros point fort
de Winter Voices : sa bande-son
. Conçues par Balthazar Bénadon, les
musiques sont à la fois inquiétantes et envoutantes. Mystérieuses et inventives.
Bien qu'elles se répètent, jamais les musiques ne dérangent le joueur : au
contraire, elles font l'ambiance. C'est sans aucun doute la plus belle surprise
musicale qui m'ait été donnée d'entendre depuis plusieurs mois de la part d'un
jeune développeur.

Techniquement
par contre, le jeu tourne sous Adobe AIR et bien que sympathique, le
moteur de jeu a ses nombreux bugs et ralentissements. Se permettant de
ramer sur de gros ordis lors des scènes les plus chargées en protagonistes
alliés ou ennemis (pour ma part sur un Double Core et 4GO de mémoire avec une
bonne carte graphique)
, Winter Voices est aussi de plusieurs bugs
d'animations. L'héroïne peut par exemple se faire propulser sur des cases
adjacentes par ses ennemis. Lorsque cela arrive, une fois sur deux le
personnage n'est plus aligné avec les cases au sol ce qui pose énormément de
problèmes de mouvements
. Il suffit alors de réfléchir et de bien se diriger
mais lors de la première apparition de ce bug, plusieurs joueurs vont avoir la
jolie surprise de se déplacer dans une direction absolument pas voulue.
Cependant rien n'est perdu, puisque depuis la sortie de ce prologue plusieurs
patchs sont arrivés et ont corrigé une tripotée de bugs en tout genre. Celui que
je vous ai décrit existe encore actuellement, mais beaucoup d'autres ont
disparu. Avant tout des bugs plus gênants qui apparaissent dans les dialogues ou
qui faisaient freezer l'écran sans qu'on ne puisse plus activer aucune
action. Les développeurs sont très réactifs et cela fait franchement plaisir
!

Certains
pesteront toutefois sur les graphismes. En images, le jeu semble merveilleux et sur de nombreux plans il ne fait pas mentir le communiqué de presse.
Néanmoins, beaucoup d'animations sont quelque peu disgracieuses et les
"téléportatio
ns" de mouvements et autres facilités sont légion. Vu le prix
du jeu et le nombre de gens qui le développent, je me vois mal m'emporter sur un
tel détail. Néanmoins, ces animations gâchent quelque peu une immersion très
importante dans Winter Voices.

Car oui, au-delà de toute cette découvre graphique et sonore se cache un scénario
profond, très psychologique, absolument magnifique par certains moments
. On
n'empêchera pas le scénario d'avoir ses grosses longueurs et quelques aspects "pompeux" pour les habitués de littérature mais tout de suite, je pense
aux plus jeunes qui mettraient la main sur Winter Voices. À coup sûr, ils
découvriront quelque chose d'original et de moins "brut" que les
scénarios habituels de leurs jeux vidéo préférés. C'est beau, bien écrit,
solide, complexe, passionnant.
Beaucoup de dialogues sont peut-être écrits
de façon trop "directe", de telle sorte qu'on a presque l'impression de
lire les sous-titres d'un film avec des intonations qui se prêtent davantage à
l'écoute qu'à la lecture. Mais c'est bien là le moindre défaut d'une histoire
que je ne vous spoilerai pas, mais qui vaut ses cinq heures de jeu. Deux
heures d'exploration, trois heures de combats.

Comment ?
Plus de combats que d'exploration pour un RPG censé être psychologique et fort
scénaristiquement ?
Tout à fait. Je dirais même que tout l'intérêt de
l'histoire réside dans le
s combats, si tant est que l'on puisse les nommer
ainsi. Notre héroïne est en effet dénuée de toute caractéristique de combat à
proprement parler et ne fait que se battre et resister face à de très mauvais
sentiments, représentés par des ombres. On évolue sur une carte au tour par
tour, faisant largement penser aux batailles de Dofus
et à de nombreux
autres jeux du même genre. Chaque combat a un objectif qui lui est propre, tel
que "Resister 15 tours" ou "Atteindre telle case du plateau". Avec
une jauge de "vie" et de "pouvoir" qui fait davantage office de
résistance et de courage, le joueur doit atteindre son but en jonglant entre
de bons déplacements stratégiques et l'utilisation de pouvoirs
débloqués au
fil des niveaux obtenus. Un grand arbre, très vaste, de compétences diverses, est disponible. Si vous êtes curieux, vous pouvez découvrir ci-contre l'arbre
qui était le mien lorsque j'ai terminé le prologue. Comme vous pouvez le voir, il y a de quoi faire pour tout débloquer.

On atteint
alors le point de non-retour
, ce qui va faire pencher la balance entre ceux
qui accrocheront et ceux qui pesteront sur les combats : leur lenteur. Au début
du jeu, le joueur va complètement s'affoler en découvrant qu'il doit tenir
une quinzaine de longs tours avant de pouvoir continuer
et ceci tous les
trois pas que fait l'héroïne. Peu évolué, le personnage ne dispose pas de
beaucoup d'actions et c'est donc avec beaucoup de passivité que le joueur se
lance dans les combats. La monotonie, voire l'ennui, s'impose alors rapidement. Seuls ceux qui auront le courage de dépasser les trois combats un peu lents
seront récompensés
, puisque une fois quelques niveaux obtenus ce défaut
n'existe presque plus ou en tous les cas beaucoup moins. Il est cependant très
important à signaler, car il montre qu'un manque de rythme, même minime, peut
casser toute la magie d'un jeu auprès de certains joueurs. Mais entre nous,
l'histoire vaut la peine de supporter ces quelques bémols peu rédhibitoires et
surtout signes d'une grande originalité narrative.
D'autant plus qu'au bout
d'un certain temps, les objectifs se font plus originaux et certains combats
deviennent de vrais puzzle-games. On a l'impression de jouer à un jeu de logique
plus qu'à un RPG et cela donne une fraicheur constante au scénario pourtant très
pesant.

Ce prologue
se termine intensément,
avec une longue traversée psychologique proposant
d'ailleurs plusieurs chemins qu'il est possible d'emprunter. Simple ou
difficile, la direction choisie mènera à un final particulièrement
savoureux
ou comme seule récompense, l'héroïne gagnera un peu de paix
intérieure et... un compagnon. Mais ça, c'est une autre histoire à suivre dans
l'Épisode 1 : Those who have no name (ceux qui n'avaient pas de
nom)
. À bientôt, donc !

À suivre...